Dans son discours devant les ambassadeurs de France lundi, Emmanuel Macron a lui-même déploré d’être parfois maltraité. « On a oublié de nous dire merci » : la phrase, qui a fait polémique, visait les pays sahéliens où la France est intervenue militairement « contre le terrorisme ». Mais le chef de l’État a ajouté une pique contre « l’ingratitude », trop répandue à son goût, avant de compléter : « Je suis bien placé pour le savoir ».
« Plus l’instabilité politique persiste, plus le reproche de la dissolution lui est fait »
Impopularité record
Selon plusieurs de ses interlocuteurs, le président a été affecté par une série d’articles du journal « Le Monde » publiés avant Noël et lui attribuant, ainsi qu’à son entourage, des propos controversés, aussitôt qualifiés de racistes, sexistes ou homophobes par ses opposants. L’Élysée a démenti en bloc.
Selon un de ses proches, le locataire de l’Élysée a aussi été « sonné » par la « méchanceté » de François Bayrou, qui l’a menacé de rupture s’il ne le nommait pas à Matignon. Et qui a fini par obtenir le poste. Et puis, il y a la dissolution de l’Assemblée nationale, qui lui vaut des critiques jusque dans son camp.
Sa popularité est au plus bas. Selon le dernier baromètre Elabe pour « Les Échos », seuls 18 % des Français interrogés lui font confiance « pour affronter efficacement les problèmes qui se posent au pays », le plus mauvais chiffre depuis son accession au pouvoir. « C’est surprenant de le voir baisser alors qu’il n’est plus totalement aux commandes », estime Bernard Sananès, président de l’institut de sondages. « Mais plus l’instabilité politique persiste, plus le reproche de la dissolution lui est fait. »
« Les appels à la démission « lui donnent plus envie de tenir qu’autre chose », sourit un ex-ministre…
Des états d’âme opportuns ?
Après avoir longtemps défendu sa décision de dissoudre, Emmanuel Macron a fini par faire son mea culpa lors de ses vœux aux Français pour 2025. Avec une nuance : « Pour le moment », la dissolution a eu plus d’effets négatifs que de bénéfices, a-t-il expliqué.
Les stratèges élyséens expliquent à qui veut l’entendre que le bilan devra se faire dans dix ans. Ils assurent qu’ils sont « en train de réécrire la politique des dix, quinze prochaines années », rapporte une députée macroniste. Brigitte Macron ne dit pas autre chose lorsqu’elle glisse que « c’est l’Histoire qui donnera en fin de compte le sens de cette dissolution, s’il fallait la faire ou ne pas la faire ».
Paradoxalement, ces états d’âme présidentiels filtrent à un moment où Emmanuel Macron semble vouloir revenir, autant que possible, en première ligne, après avoir été contraint à une posture plus en retrait par la défaite de son camp aux législatives anticipées.
« Il a un état d’esprit combatif mais avec des leviers qui ne sont plus les mêmes », en se concentrant sur l’Europe et l’international, dit un de ses ministres. Dans ses vœux, il a même fait des incursions sur la politique intérieure, faisant mine de fixer sa ligne économique au gouvernement ou laissant miroiter un ou des référendums en 2025.